dimanche 4 mai 2008

1. L'âme de la Camargue

" Cultiver l'humilité c'est cultiver l'hypocrisie, car le vrai humble ne sait pas qu'il l'est" Gandhi



Pour moi, la musique, c'est ce qui éveille au silence, ce qui le fait entendre.

Il y a longtemps que j'ai découvert cela.

De la musique classique et contemporaine ou l'opéra dans lesquels j'ai été élevée, à la découverte d'un monde dont je connaissais l'existence mais dans lequel je n'avais pas encore pénétré, le flamenco,

j'ai toujours écouté le silence, entre deux notes, entre deux morceaux de musique, à la fin.

Plus la musique donne à entendre le silence, d'elle-même,

plus elle est belle, grande, noble.

Le silence est une prière, l'echo divin, une communion avec la nature, la connexion avec l'univers.

Il est une vibration de toutes les vibrations, comme le blanc est l'alchimie de toutes les couleurs.

Il est le cri intense et apaisé de nos coeurs,

il nous réconcilie avec nous-mêmes

la rencontre avec notre invisible âme

c'est mystique

comme l'amour est mystique, charnel ou pas

il ouvre à l'amour

et si des musiques offrent cela,

il y a des voix qui font de même

comme celle de José Reyes




Je me souviens...J’étais allée à la FNAC, je cherchais de la musique gitane, à l’époque, c’étaient des 33 tours encore.

J’ai vu des disques : José Reyes « L'amour d'un jour » et « Gitan poete » j’ai pensé machinalement « Ca doit être bien » et je les ai achetés.

Bien qu'étant avec Miguel, je ne connaissais pas José Reyes...

Arrivée chez moi, j’ai posé le disque sur la platine me suis assise en tailleur sur la moquette et j’ai écouté les chansons dont « A mon fils » « Le chant des frères » et toutes les autres sans interruption.

Dès le début, la voix de José Reyes me plongeât dans l'illumination.

Le rythme des rumbas, le tempo des guitares me transportait de joie!

Il se dégageait une énergie et une grandeur rare. Et en même temps, une grande simplicité.

Je sentais chez ce gitan un tempérament bien trempé.

Artistiquement, c'était magnifique et un mot me vint à l'esprit : "parfait"

Et si ici-bas, rien n'est parfait, cet adjectif s'imposait à moi.

Je n'ai plus pu bouger durant toute l'écoute, j'étais figée par l'émerveillement.

Comme un flot de lumière, la voix de José Reyes bannissait les murs de mon appartement et m'ouvrait à un univers infini.

Je recevais sa voix comme on reçoit une part de divin. Car je ressentais à travers sa joie une gravité sans déseperance.

Empreinte de dynamisme, d'énergie, parfois nostalgique mais jamais désespérée.

Sa voix où perçaient la bonté et la joie de vivre, invitant à goûter l'instant dans un éternel présent.

Sa voix, comme une prière, soutenue, insistante, invitant à aimer, pardonner, vivre et consoler.

Comme un flot de lumière sa voix belle et poignante résonnait en prière et rendait toutes choses vibrantes.

Suspendue entre ciel et terre, j'entendais résonner les derniers accords, et lui prolongeait le silence...profond, si profond...

A chaque reprise, j'avais l'impression que sa voix semblait surgir de terre et noblement s'élever, habiter toute l'atmosphère et épouser le ciel.

Sa voix est le lien entre terre et ciel..

Les accords profonds des guitares et l'écho des voix se répondaient et me plongeaient dans un abîme d'émotion touchant à l'extase.

J'étais dans la joie et en même temps au bord des larmes, touchée au plus profond de moi-même,
une telle noblesse se dégageait de ce chanteur, une telle grandeur!

Mais pour moi, cette voix avait une telle puissance quelle semblait défier le temps.

Et je voyais la Camargue s'éveiller, les taureaux, les flamands et les chevaux à la crinière mystérieusement agitée par un doux vent à travers les roseaux.

Et je voyais la Camargue s'éveiller et de joie se rider les étangs et s'écarter et se ployer les roseaux par un souffle invisible mais présent.

Lorsque j’appris qu’il était déjà mort, je compris que ce souffle était son âme.

Voici une très belle vidéo où l'on voit José Reyes avec sa voix profonde, chantant dans les bois, quelques images de la vie quotidienne, et de son départ pour le Pélérinage des saintes Marie






José Reyes en famille et avec Manitas de Plata





Un concert de José Reyes


La voix, le cri de José Reyes s'étire infiniment à travers les roseaux et fait battre le coeur de sa région.
Je ne pourrais plus jamais penser à la Camargue sans y associer José Reyes, car pour moi, il en est tout simplement l'âme!
Mais qui mieux que son fils, Canut Reyes, peut lui rendre hommage?




Hommage à José Reyes

(Canut Reyes)

Si vous êtes venus

gens de tous pays

au Saintes Maries

vous l'avez connu

celui qu'on appelait

José Reyes, le Gitan

il vivait au bord de l'étang

sur cette terre salée

Ne cherchez pas son age

car il avait plusieurs printemps

et pourtant sur son visage

n'avait pas la marque du temps

Les soirs vous le voyiez

La démarche fière

il entrait dans les cafés

sur sa guitare jouait cet air

Lai, Lai Lai Lai.......

Vous n'auriez pas fait l'affront

de lui donner de l'argent

il vous offrait ses chansons

en language d'amitiée

il allait jouer souvent

près des marécages

au milieu des ses flamants

qu'il les mène de son language

Tout le monde l'aimait bien

Là bas, aux Saintes Maries

mais un jour il s'éteint

à l'ombre d'un Tamarin

Si tous, comme moi,

vous l'avez connu,

dans votre tête parfois

reviendra cet air envoûtant

Lai, Lai Lai Lai.......




A l’attention des voleurs d’âme :
Certains poèmes ou textes (poésie en prose) dans ce blog sont extraits d'un manuscrit (quelques uns déjà publiés ailleurs sous mon nom) et protégés par les droits d'auteurs. All right reserved. Vaquié " Fleur de Corail"

VOIR SUITE : http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.com/2008/09/2-place-lartistejos-reyes_04.html


Visiter : http://www.myspace.com/mondejosereyes


C'est le monde de José Reyes avec des photos..

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Très beau votre témoignage sur José Reyes, et sur le silence.
Vous me l’avez fait découvrir.
J’ai regardé attentivement les vidéos : On sent qu’il avait une vraie dimension ce gitan.
Je pense aussi que le silence est LA nature divine…pour ceux qui croient en un Dieu, et pour les autres, le silence est une autre forme de révélation.
Encore une citation que m’inspire ce que vous avez écrit : « Il y a des chants qui, lorsqu'ils se taisent, obligent à écouter un certain silence plus précieux qu'eux mêmes. » Albert Marie Besnard Extrait des Propos intempestifs sur la prière
« La plus grande révélation est le silence » Lao-Tseu
Brocéliande

Fleur de corail Jeannine Toiron-Vaquié a dit…

Merci Brocéliande, j'aime beaucoup votre citation.

fuegogitana a dit…

Quel voix!!!Je ne peux plus quitter ton blog!!!ASA!!!Quel voix!!!!Le parfait!!Je n'ai pas de mots!!Mieux vaut le silence et écouter.
Merci.

Anonyme a dit…

Jolie chanson

Anonyme a dit…

Trés jolis mots pour décrire la voix de José Reyes . Il a été mon beau frère , l'oncle de mon fils . Je suis arrivée chez lui et le reste de cette grande famille en 1975 par mon mariage .
Je garde un souvenir impérissable de ce grand Monsieur .Je retrouve dans la démarche et certaines postures de mon fils un peu de lui ! comme chez mon neveu Canut .
Pomponette

Fleur de corail Jeannine Toiron-Vaquié a dit…

Pomponette : Très touchée et honorée de cette intervention!
Car je n'ai jamais connu José Reyes, mais j'ai eu LE choc artistique...
C'est une forme de rencontre, en fait...Qu'est-ce qu'une rencontre?

Mais ce n'est pas finit... d'en parler de lui!
J'ai des choses à dire encore...
Merci!

Anonyme a dit…

Je découvre ton blog ..en croisant le silence porté à bout de bras par cette magnifique voix .

Merci à toi de l'avoir si parfaitement compris .

Lise

Fleur de corail Jeannine Toiron-Vaquié a dit…

Oh! Lilou! je suis touchée POUR José Reyes que tu ais laissé tes pas ici!
Merci!

Anonyme a dit…

Très impressionné par Monsieur José Reyes ! Merci de ces écrits.
L’écouter est aussi une thérapie, comme le pardon.
Vagabundo

Fleur de corail Jeannine Toiron-Vaquié a dit…

OUi.C'est une thérapie SPIRITUELLE, merci vagabundo

Anonyme a dit…

vive les gitan kiko34