« Le destin ? Moi
aussi je me suis souvent demandé ce qu’était le destin… Et
pourquoi ce destin qui me poursuit, et encore le destin, et toujours
le destin !
Mais… A partir du moment où un homme résiste,
c’est un combat… Qui peut être perdu ou gagné, mais alors, ce
n’est jamais plus : Le destin » ! ».
Martin Gray (extrait d'un de ses interviews)
Martin Gray, auteur du best-seller " Au nom de tous les miens "
et de bien d'autres livres,
à quitté ce monde le 25 avril 2016. à l'âge de 93 ans
S'il y à un homme qui m'à profondément marquée dans ma vie c'est bien Martin Gray !
Et pour cause !
- De Charles Sadron à Martin Gray :
Depuis mon enfance, j'ai été sensibilisée par la déportation à travers le destin d'un ami de la famille : Charles Sadron.
D’une
certaine façon, le destin de Martin Gray me faisait penser à celui
d’un ami de la famille, qui avait été déporté trois ans au camp de Dora. Non pas parce qu'il était juif mais résistant.
A sa libération, ce sont mes parents,
qui avaient été chercher à Vichy, " un squelette ambulant " termes de ma mère. Elle avait tenté de le sauver de son arrestation car elle était bien placée pour en être informée, mais comme tant
d’autres, il avait pensé pouvoir en échapper, et, n’écoutant
que sa seule confiance, il s’était fait piéger.
Les enfants sont souvent intuitifs. Très tôt, je pressentais que Charles Sadron " n'était pas comme les autres " Parfois, il avait l'air si pensif, lointain....Lorsqu'il regardait à travers les carreaux de la fenêtre. Pourtant, cela faisait de nombreuses années déjà qu'il avait été libéré lorsqu'il venait nous voir avec sa femme est sa fille..
C'était plus fort que moi, je pensais qu'il cachait comme un secret. Quelque chose de très important, je le ressentais. J'avais questionné mes parents à deux reprises, et ils évinçaient mes questions. J'ai donc su que c'était des questions interdites.
Rien n'y faisait : Je sentais en la personne de Charles Sadron, un univers mystérieux. Il m'intriguait mais je n'osait pas lui poser de question à lui.
Puis on finit par m'expliquer.
Trois ans d’enfer dont je connus progressivement quelques détails.
Charles avait gardé sur son dos des cicatrices consécutives aux coups de fouets que les allemands lui avaient asséné. Il parlait de la brutalité des kapos lorsqu'on on les faisait sortir des baraquements pour aller travailler : Ils leurs donnaient des coups de fouets s'il ne se dépêchaient pas ou même par pur sadisme. Et comme les déportés étaient très affaiblis " C'étaient souvent les plus jeunes qui mourraient ".
Puis sa femme mourut d’une maladie des reins, et ensuite sa fille, avec qui j’étais très complice et avec qui j'avais souvent joué..
J’étais adolescente alors. Un tel acharnement du destin sur un être humain me traumatisa, et je m’enfermais dans ma chambre pendant des heures. Je ne voulais plus parler à personne. Comment ? Charles Sadron avait survécu aux camps et il perdait ensuite toute sa famille ? Je connus une révolte définitive qui allait marquer toute ma vie.
Il s'était installé à Strasbourg et venait souvent nous voir. Mais il ne donna plus de nouvelles après avoir rencontré quelqu'un d'autre. Mon père en était blessé, mortifié. Mais moi je défendais Sadron. Je disais : " Papa, c'est sa façon à lui d'oublier le passé. Ne lui en veux pas ! Il à refait sa vie. Il fait comme il peut. ".
Lorsque mon père me parla un peu plus des camps, je me documentais en cachette..
Je lus, bien sûr « Le journal d’Anne
Franck », et me sentais ébranlée par toutes les horreurs
qu’un être humain peut faire à un autre. Même un peu plus tard,
n’ayant pas de tranquillisants, combien de fois me suis-je réfugiée
dans le bureau de mon père pour tenter de retrouver le calme
intérieur. Toutes ces horreurs me déstabilisaient fortement. Si
bien que mon inconscient fit une sorte d’amalgame, et que mon
adolescence et une partie de l’âge adulte furent parfois visités par des cauchemars nocturnes dans lesquels on m’emmenait dans un train,
quand ce n’étaient pas des agents de la Gestapo à la voix
métallique ou les SS. qui me cherchaient. J’étais à chaque fois
sauvée, soit par une fuite éperdue, soit par une personne qui me
cachait chez elle et argumentait hypocritement avec eux. Que de suées
pendant ce temps de dialogues !
Le même scénario se produisait
si je vivais un chagrin ou une séparation. J’étais dans un train
pour une destination inconnue et fatale. Même lors de mon analyse,
je mis longtemps avant d’en parler. Ce qui dénote que l’horreur
des camps, d’une façon complètement indirecte, peut, à travers
un ancien déporté, marquer ceux qui ne les ont jamais connus.
Puis à travers les récits de ma mère et son vécu par rapport à la
Gestapo (lorsqu'elle allait voir Charles Sadron au 92 ème R.I où il était détenu, juste avant qu'il ne parte en déportation) , je frémissais et me mis progressivement à tenter de
comprendre le pourquoi de tant d’atrocités. Je me demandais où
était Dieu, à ce moment là…
" Lorsque j'allais voir Sadron au 92 ème R.I., la Gestapo fermait les portes derrière moi, et j'avais toujours peur qu'ils ne les rouvrent pas. Tu ne peux pas savoir comme j'avais peur!" " Charles me disait des choses à demi mots. Comme par exemple que la nuit on le réveillait lui et quelques autres pour aller creuser des grands trous dans la cour...." " Et un jour il m'à dit qu'il fallait prévenir sa femme qu'il fallait faire vite, car il avait oui,dire qu'on allait l'emmener il ne savait où, qu'il allait partir avec d'autres et que c'était très bientôt ".
Ma mère, ce serait trop long à expliquer comment elle se renseigna, parti d'urgence avec Lili Sadron à Compiègne. Elles voyagèrent toute la nuit et trouvèrent une chambre non loin de la gare. Elles voulaient apercevoir Charles Sadron...
" On se cachait derrière les volets à peine entrouverts, parce que les allemands avaient ordonné à la population de fermer les volets. Il y avait un monde !!!! On espérait voir Charles mais tu penses...! Ils en emmenaient dans les trains...! Certains même arrivaient en taxi tellement qu'il y en avait ! ". Elle voulait dire que les taxis étaient réquisitionnés bien sûr. " Pas moyen de voir Sadron ". Ils partaient dans des camps de travail parait-il...Ils n'eurent plus de nouvelles de lui pendant 3 ans
Ce fut pour Charles Sadron Buchenwald puis surtout Dora.
Pourquoi tant d'atrocités ? Ce
questionnement provoqua chez moi une démarche vers le militantisme
contre les conditions carcérales, qui était, je le savais, la
résultante d’une lutte contre les camps que j’aurais voulu
mener. Puis je rentrais à Amnesty International.
Ma
rencontre avec Martin Gray avait bouleversé ma vie. Je dévorais
tous ses livres. Je m’accrochais à ses mots comme à des bouées
de sauvetage.
Dans mes moments de
solitude cela me soutenait. A force de lire certains passages de ses
livres, je les connaissais par cœur, je pouvais les réciter. Je
tentais de faire moi aussi l’alchimie de la souffrance, j’y
arrivais tant mal que bien. Car c’est lui, le grand alchimiste. Mon
admiration pour lui est sans borne. J’aurais voulu habiter sa
région, le voir souvent, parler souvent avec lui, je savais que tout
aurait été différent pour moi.
Il est l’idéal déjà
croisé mais qui atteint son apogée. Il est le triomphe de la vie, quelles que soient ses entraves. Il est un modèle de résilience indicible. Mort et résurrection,
Martin Gray est un Phœnix.
Il est la force que je
n’ai pas, je ne suis pas lui soit, mais j’admire en lui cet amour de
la vie, cet optimisme lucide, envers et
contre tout.
Je cherchais à puiser
tout cela dans ses livres.
Lorsque je le
rencontrais maintenant une fois par an avec René, chez lui au Tanneron, j’étais frappée par sa sagesse et sa simplicité.
Ses livres parlent
d’amour, d’harmonie, de santé, d’écologie, d’équilibre
entre l’homme et la nature, d'entraide lui qui à connu l’horreur, le
sadisme, la perte des siens une deuxième fois par un incendie, la souffrance dont je n’aurais pas supporté
le quart !
Dans mon marasme, je
tentais de comprendre pourquoi il est ce qu’il est et pas d’autres,
pas moi. Danger des comparaisons : Des réponses me venaient,
toujours insuffisantes.
Dans la rivière
translucide de ses mots, j’y trouvais des pépites d’or : L’espoir
Certaines polémiques ont vu le jour au sujet de l'exactitude de ce qu'il à écrit au sujet des camps, ou de Varsovie.. Il y aura toujours des gens pour critiquer. Tous ces débats ne sont pas surprenants. Et ces polémiques sont si médiocres que je ne veux pas insister là dessus afin de ne pas leur donner l'importance qu'elles n'ont pas.
Si des gens le critiquent, c'est qu'ils ne l'ont pas connu. Et ce qui est important au bout du compte, c'est ce qu'il aura apporté aux gens lors de son existence.
Et ces polémiques médiocres ne peuvent pas atteindre ceux qui ont l'aura de la résilience, du dépassement de souffrances abominables, de destins extrêmes.
Les critiques sont inutiles : Son témoignage, il en avait déjà cher payé le prix.
Il à tant apporté à tant de gens ! Tant de gens l'ont aimé ! Car comme le dit si bien Jacques lacan, psychanalyste : " Celui à qui je suppose un savoir, je l'aime ". Mais lui aussi à tant aimé les autres !
Il à passé sa vie à crier que l'horreur peut recommencer, à avertir les gens de cela, à tenter de les informer comment éviter ces situations inhumaines. Il ne voulait pas que les autres vivent ce qu'il avait vécu. Il voulait nous en préserver. Il s'en était donné la mission, il l'à très bien menée.
Lorsque je le rencontrais nous parlions aussi de l'après vie.
Dans un de ses livres,
peut-être le moins connu, « Le nouveau livre »j'avais découvert qu’il croyait à l’après vie. Au sujet du mot
« mort », il avait écrit :
« Car la mort est une seconde naissance » et au
sujet du mot « Ecoute » :
« Une autre fois, tu as
eu, peut-être un dialogue avec un être humain que tu aimais et qui
à disparu. Cela s’est produit pour moi. Pourquoi pas pour toi ? »
J’aime
ce livre, qui est une plongée dans le monde invisible, l’intuition,
l’au-delà, sans intellectualisme, uniquement forgé par la
réflexion d’un homme que la vie n’a pas épargné, et qui a
gardé l’espérance !
Même habitant dans
une autre région, Martin Gray était extrêmement présent pour moi. Il était le colosse qui me protégeait, peut-être contre mes propres démons, qui me rassurait.
Je lui écrivis un jour, au sujet de « Au nom de tous les
miens » : « Je brandirais votre livre comme on brandirait
une croix ». Car c’est un livre de lumière. Il témoigne de
tant d’âmes emplies d’amour !
Mes rencontres avec lui étaient un pansement, sans pourtant guérir tout à fait, sur les blessures d'une enfant et adolescente choquée par le destin terrible d'un ami du passé.. Et cela je n'en prendrais conscience que progressivement..
Depuis le début de cette année 2016, je craignais sans me l'expliquer, le proche départ de Martin Gray. Pourtant, je n'avais pas de ses nouvelles directement. Je lui écrivais mes vœux par facebook.
Lorsque j'ai apprit son décès, j'ai été assommée et cela m'à plongée dans tant de souvenirs.. puis je me suis ressaisie.
J'ai envoyé un SMS à René qui m'à répondu : " oui, c'est notre a-venir à tous; de Martin Gray, en plus d'un destin qui dépasse ma compréhension objective limitée, reste une destinée humaine exemplaire. René "
Je me suis ressaisie en me disant qu'il nous faut bien partir un jour, chacun à notre tour ....Cela est tolérable lorsque c'est à un âge acceptable. Martin Gray aurait pu vivre encore un tout petit peu, comme dit Jean Ferrat, mais c'est ainsi.
Lorsque qu'une personne est dans notre cœur, elle ne part pas dit on, elle ne peut pas vraiment nous quitter..C'est vrai..
Mais il y encore autre chose : La mort n'est pas la fin. Notre vie continue après notre mort, je ne le crois pas, c'est une certitude.
Bien sûr c'est une séparation douloureuse parfois insupportable, pour les proches, pour ceux qui restent. Mais elle n'est pas l'anéantissement de la personne qui est partie !
J'ai eu trop de messages en transcommunication instrumentale ( TCI) pour ne plus en douter.. Et d'autres phénomènes.
Mais surtout par la TCI. Là, ce n'est pas une croyance, une hypothèse, c'est une réalité. A tel point et je le dirais encore et encore que lorsque plus tard j'éprouvais d'autres deuils, il est arrivé un moment où je n'avais plus besoin de faire de la TCI pour me rassurer sur le problème de la survivance des gens.
Ceux qui ont la passion de l'ignorance refuseront ces affirmations de ma part, les autres peuvent avoir la curiosité de vérifier. Et d'autres savent..
Je dis que ceux qui nient ces phénomènes maintenant, ceux là n'ont plus d'excuses ! Car rien ne les empêche de vérifier, rencontrer des gens qui ont eut des messages, se documenter, je ne sais encore.. Qu'ils fassent quelque chose mais qu'il le fassent sérieusement. C'est pour cela que je parle de "passion de l'ignorance "
A moins que ce ne soit un prétexte...chez certains prêtres par exemple, qui se sentent court-circuités par les expérimentateurs en TCI, par rapport à leur pouvoir, au pouvoir de l'église, qui...... etc.. Mais ça c'est un autre débat.
On parle de la mort comme de la nuit. Mais si je vous disais que c'est la lumière ? Une lumière éblouissante et aimante ? Beaucoup de témoignages à ce sujet. Moi-même, j'ai fait une NDE en 2006.
Ceux qui viennent de partir ne sont pas très loin et lorsqu'on parle d'eux ils sont là !
J'ai lu des articles émouvants : " Martin Gray à rejoint les siens ". Oui.. Mais ceux qui restent, sa femme, ses enfants, les gens qu'il à aimé dans sa vie privée ne sont pas lésés pour autant..
Un jour, ils le rejoindront aussi, même si d'autres les ont précédés.
Parce que l'amour, de l'autre côté, en se partageant, ne se divise pas
mais au contraire se multiplie..
L'amour qui à existé reste toujours l'amour et s'amplifie
C'est une autre existence, une autre conception des sentiments ou tout se magnifie..
La nuit, le noir, l'ombre, c'est ici. La lumière, c'est la vraie Vie. C'est ce qu'avait comprit Saint Augustin, (même si on pleure quand même) dans une magnifique prière..
Je ne veux imposer nulle religion aux gens mais sa vision de l'au-delà est magnifique, même si ce n'est pas mon théologien préféré..
Lien précédent sur Martin Gray (cliquez) :
http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.fr/2012/06/1-des-nouvelles-de-martin-gray.html