jeudi 4 juin 2015

1. Mariano De Delfina : Un beau souvenir !


Je pense souvent à Mariano..J'espère qu'il va bien !
C'était à l'époque où j'ai rencontré le regretté  Tonio Moraito de Alméria aux saintes Marie de la mer, il y venait, de Malaga, cinq mois par an.

Le jour où, pour la deuxième fois, le cœur tambourinant je retournais aux Saintes et me dirigeais vers le bar l'Escaladou, et qu'il y était (!) je faillis bondir de joie lorsqu'un qu'un autre gitan espagnol assit à côté de lui, leva le bras pour me faire signe !!!!
" Chouette " pensais-je " son copain me drague, je vais pouvoir être près de lui !" de Tonio, inutile de préciser..

C'était un " coup monté " je le comprendrais après ( assez vite )..

Le copain de Tonio s'appellait Mariano De Delfina. je parle au passé car je ne l'ai plus revu les années suivantes. Mais il m’a laissé un souvenir impérissable.
Espagnol lui aussi, il ne parlait presque pas un mot de français. Il était toujours affublé de son dictionnaire français/espagnol. Il avait toujours soif de communication. Il aimait parler, parler..
A leur contact à eux deux, au milieu du monde gitan de la Camargue, j'avais la sensation d'être dans un autre monde gitan encore. Tonio Moraito observait, écoutait nos dialogues.

Mais cette année là, ma sensibilité était à fleur de peau et je me suis laissée allée c'est à dire que je me suis transformée en Marie-Madeleine. Jamais je faisais cela avant devant des gitans .. ! Jamais !Un jour que je n'arrêtais pas de pleurer  Mariano m'a demandé pourquoi mais je lui ai répondu " Todos los dias, estoy llorando "


Et c'est là qu'il m'a fait une réponse magnifique et complètement juste.  Parce qu'il me connaissait que depuis quelques jours seulement...j'en étais estomaquée ! Je pensais que même un psy aurait eu besoin de plusieurs séances avec moi pour me dire cela (et étant du métier, j'y ai souvent réfléchi), et voilà qu'un gitan espagnol me dit une chose ( qui me concernait moi et les gitans ) si vraie ! Pas seulement à propos d'évènements récents mais qui touchait tout ce que je ressentais depuis longtemps. C'était une réponse très simple, mais très profonde..

De la profondeur, je vais en avoir avec lui cette saison là ! Je ne me suis jamais sentie autant comprise, moi, la gadji.. De toutes façons, je me sentais adoptée, quasiment d'emblée. Mais c'était bien ce que m'avait dit Tonio Moraito la veille.. Il avait eu besoin de m'expliquer la mentalité des gitans d'Espagne vis à vis des gadjos/gadjis, c'était passionnant.....

 Le lendemain lorsque je suis revenue, car je faisais aller-retour le Grau du Roi/Les Saintes tous les jours et dès que Mariano m'a aperçue, il se l'est levé et à chanté une Tona. Bouleversée, je ne pourrais faire d'autre que m'immobiliser et l'écouter chanter. Et il le fera à chaque fois que j'arriverais. Peu importe l'endroit, les gens à la terrasse du bar l'Escaladou !  Debout, noble, même si cela pouvait paraitre disparate, il me regardait et sa voix couvrait le brouhaha des touristes. Ce sera pour moi un compliment, un honneur à chaque fois.. Et ça, je ne peux pas l'oublier ! Je ne pourrais jamais exprimer l'émotion que cela me provoquait..Merci Mariano...

Que de souvenirs émouvants ! Les soirées privées flamenco où j'ai pu aller grace à Tonio (qui y tenait à ce que je vienne !), les soirées improvisées aux Saintes, et les gens nous rejoignaient surgissant des rues comme de nulle part, tout à coup, c'était merveilleux. Les fois où je suis allée avec Tonio au camp gitan, au milieu de leurs caravanes, c'était exaltant. Plus que cela, j'étais bien..

Puis il y eut vite les gitans de l'est avec le regretté Stefan Stefan Romanof Andreescu de Bucarest et ses comparses, toujours avec Tonio. Dès que j'arrivais, ils m'entouraient de leur violons et je savais que Tonio allait très vite venir. Puis il n'y eut plus que Stéfan et Tonio devenus inséparables et la fameuse année où ils ont sorti un véritable chef d’œuvre : " Te traïs ". Je l'ai en double car un couple d'amis gitans me l'ont offert alors que je l'avais déjà...


" El grupo "Amaro Drom" ha sido fundado en 1998 por Antonio Moraito de Almeria y Stefan Romanof Andreescu a raíz de un encuentro casual, pero decisivo en Camargue (Francia). Allí han creado su primer repertorio sorprendente, vibrante y
ùnico en el mundo, a base de dos estilos tan diferentes como el Flamenco puro y la mùsica Romani-gitana de Europa del Este. La creatividad y virtuosidad de "Amaro Drom" rompe todos los esquemas. En su musica estan presentes los sentimientos como el amor, la pena, la alegria y el ansia de libertad como lenguaje universal. Sus actuaciones armoniosas y a la misma vez explosivas se convierten en una gran fiesta gitana llena de improvisaciones ".  El Grupo


" Antonio Torres Moraito de Almeria es miembro de una familia de artistas gitanos de Andalucía y empezó su carrera artistica a corta edad acompañando a grandes figuras del Flamenco como Antonio Mairena, Tía Añica La Piriñaca y Manuel Agujetas.
Su flexibilidad y su sentido de la innovación inherente a todos grandes artistas le llevaron a descubrir nuevos territorios como la poesia, el teatro, otros estilos de musica y proyectos multiculturales.
Es miembro fundador y director artistico del grupo de teatro "Droma Kumpania"
Además ha dirigido muchos talleres de flamenco en toda Europa ".El grupo
" Stefan Romanof Andreescu ha nacido en el seno de una familia Romaní-gitana de músicos profesionales siendo su padre un gran violinista solista y su madre pianista.
Descubrió su amor por el violín a muy temprana edad.
A los 17 anos ganó con sobresaliente las oposiciones para entrar en la Orquesta Nacional de Rumania con la cual viajó por todo el mundo.
Es gran conocedor de todos los estilos de la musica romaní-gitana de Europa del Este dominando además la musica clásica y el jazz manouche.
Es director de orquesta, profesor de solfeo, toca el piano, la flauta de pan y acordeón con maestria ". El grupo
J'ai voulu présenter un peu mieux Stéfan et Tonio même si j'en ai déjà parlé ici.
Mais comme ces personnes ont été liées dans ma vie pendant des années ensuite, et en premier avec Mariano, j'en ai reparlé même si je voulais essentiellement parler de cet épisode de la Tona. J'ai vécu des moments magnifiques et émouvants.

Stéfan et Tonio aux Saintes

Lorsque Mariano chantait la Tona pour moi, il s'adressait à ma sensibilité avec la plus grande simplicité. C'était comme ça, spontané et cela venait du cœur.
Je savais qu'au milieu de l’écho de toutes les rumbas camarguaises ambiantes, ils étaient heureux de pouvoir jouer et parler du flamenco cante rondo.

Quelques soient l'issue de l'histoire, ils sont venus dans ma vie comme un cadeau.
Et Mariano d'une façon particulière, émouvante, belle, même si je ne l'ai connue que pendant une saison. Je ne peux l'oublier.
Au sujet de La  Tona. J'écrivais ici : 
" Paco jouait, chantait avec toute son âme. Et quand, après un arrêt, il nous faisait cadeau d'une tona , je frémissais au plus profond de moi-même. Un silence religieux s'ensuivait, encore vibrant de sa voix, plainte interminable qui s’étirait dans chaque atome de notre être. J'affectionne particulièrement la tona, qui a le don de bercer mes peines. Elle me fait descendre dans les tréfonds de moi-même, pour enfin m’ôter la douleur. C'est une alchimie de la tourmente. La plainte est supplantée par le calme intérieur. La tona est un baume sur les plaies de mon âme ".


Hé oui... On peut ne pas parler couramment l'espagnol et aimer le flamenco, la Tona. Parce que le flamenco, c'est sorcier!

Si je parle de toi Mariano, c'est parce que je voulais le faire depuis longtemps, mais c'est parce que c'est le moment ! Combien j'aurais besoin que tu me chantes encore une Tona, en ce moment...Combien j'aimerais entendre résonner ta voix ! 

Comme si elle pouvait me transmettre de la force..

Parce que actuellement, j'ai très peur de ne pas pouvoir revoir quelqu'un et c'est bien la pire chose qui pourrait m'arriver.

En tous cas, merci encore Mariano !

Tona Antonio Mairena

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir fleur de corail, j'ai aimé ton article.
C'est émouvant ce que tu racontes surtout dans le contexte que l'on connait. On voit que tu te sentais bien avec ces gitans d'Espagne. Il à l'air formidable ce Mariano, j'aimerais bien savoir ce qu'il t'a dit. Ca doit être super de se sentir accepté comme ça..
Tu es très émotive en ce moment non?
Je te souhaite de voir les gens que tu aimes, c'est un minimum dans la vie. Mais tout n'est pas simple. Manoune fatiguée par la chaleur...

Fleur de corail Jeannine Toiron-Vaquié a dit…

Coucou Manoune. Je crois que cette chaleur soudaine fatigue tout le monde.
Je pense aussi que je ne suis pas loin de l'arrêt de mon blog.
Oui je suis émotive en ce moment.. Et cet article est comme un appel au secours, à travers les mots. Dire ou écrire aplanit la réalité parfois..
Je garde pour moi ce que m'a dit Mariano..Mais cela n'a rien à voir avec ce que l'on pourrait imaginer lorsque je dis " je me sentais adoptée "
Dernièrement encore, j'ai rencontré un drôle d'individu qui se faisait passer pour gitan alors qu'il ne l'est pas. Mais pourquoi vouloir être gitan à tout prix ? Je trouve cela puéril ! Moi, je ne suis pas gitane et je ne cherche pas à l'être. Je me trouve très bien comme ça! Ne peut-on pas aimer les gitans sans vouloir être gitan soi-même ?
De plus, je n'ai pas l'âme nomade. Peut-être le serais-je un peu plus maintenant mais pendant longtemps, je me suis dit que j'aimais bien mon " chez moi " fixe..
On n'est pas obligé d'être gitan pour être quelqu'un de bien, comme on n'est pas obligé d'être gadjo/gadji pour être quelqu'un de bien !
Au niveau de l'humain tout court, tous dans le même sac ! Avec nos différences qui enrichissent et non pas qui divisent.
De toutes façons, on est ce qu'on est et on ne peut pas être ce qu'on n'est pas !
Je l'avais même écrit sous mon profil : " Je ne suis pas gitane " mais le passage à Google+ à tout balayé même le pseudo qui me venait de la Corse..

Aimons nous comme nous sommes, afin de mieux aimer les autres..."