vendredi 27 février 2009

6. Danser sur la table.




 
Je suis désolée pour les photos faites par un amateur, et pour ma maladresse à scanner la luminosité, grandeur etc...
Ceci se passe au restaurant La Camargue à Aigues Mortes, à l'époque du groupe de Rey (Jean-Pierre Cargol-l'enfant-sauvage) il y à quelques temps....Je pense en 1994 Lol! On ne voit que Rico (Michel) et un autre sur les photos alors que les gitans étaient 4 ou 5 à jouer, mais enfin... Sur la première photo, j'étais crispée (mais ne le montrais pas) car un client du restaurant avait voulu monter sur la table et il était bien...gai...l'alcool aidant.. Mais il n'y est pas resté longtemps! Je dansais souvent avec une certaine Sophie ici en photo. Je me rend compte que la table n'était pas si large que cela (on le voit sur la première et la deuxième aux pieds de Sophie). Dans mes souvenirs, elle me paraissait plus grande, c'est bien la preuve que nous étions très à l'aise toutes les deux, nous nous croisions, se déhanchions sans dommage etc...! J'aimais cela et on peut le voir sur mon visage, j'étais heureuse! J'avais promis de poser ces photos donc je les pose pour le FUN même si elles ne sont pas terribles!Je n'ai pas mieux...
Celle qui relevait le défi de danser sur la table avait droit à une coupe de champagne offerte par la patronne.. On m'en doit deux (je n'ai pas oublié)! Mais heureusement.. Car sinon, aurais-je pu danser ?
Ce n'était pas prévu, c'était improvisé et c'est pour cela que je n'ai pas le costume "gitan" mais c'est pas grave!
Ce sont des souvenirs amusants et agréables! J'étais en pleine forme à l'époque : Je ne montais pas sur la table, je BONDISSAIS sur la table en balançant mes chaussures.

Il y à peu de rumbas dansées à part de très rares (des bibres de rumba) et celles de Fuegogitana. Là il n'y avait pas de caméra sinon on aurait été filmées!
On peut agrandir les photos en cliquant dessus.

Puisqu'on parle des gitans, on passe d'une époque à l'autre, on va et vient de la rumba au flamenco, et on retrouve la dans orientale qui sera toujours là (d'autant plus que je viens d'avoir un choc artistique d'une vidéo que je poserais plus tard)!
Vidéo de danse sur table : Danse orientale!
Danse Orientale sur table
envoyé par in-touchable alors que le monde entier à visionnée cette vidéo depuis des mois sur internet, et qu'elle était amusante! C'est comme ça, dommage.

Retour au flamenco : Il y avait eu un grand évenement à Arles l'année dernière dont j'avais parlé, je pose la vidéo!






JOSE REYES /INAUGURATION DE LA PLACE.
envoyé par nicobbgipsy

Et il n'y à pas que les femmes qui dansent!
Ici, mon ex prof de flamenco, Paco el Lobo dont j'ai déjà beaucoup parlé, après avoir chanté va se mettre à danser!
Ca me fait énormement plaisir de le voir danser !




A l'époque j'étais en plein dans la danse classique, mais une fois par semaine et durant 3 ans et demi, j'ai fait aussi de la danse africaine.
Là, j'y ai rencontré Meriam, une des élèves au cours de Mossé donc.

Comme elle donnait des cours de danse orientale, j'en ai fait un peu (1 an).
A l'époque, je n'étais pas passionnée de danse orientale comme maintenant...
Je reparlerais de cette époque où j'ai vécu avec Meriam, un cas elle aussi, des choses super dingues!

Je termine donc ce billet par une vidéo (non.. ce n'est pas encore celle du "choc artistique" suspens...) que j'aime énormement, et par un petit jeu. Sur cette vidéo, j'ai l'impression de voir Meriam danser au son du djembé de Mossé!
Imaginez une femme encore dix fois plus belle que cette jolie danseuse et vous verrez Meriam!




SUITE : http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.com/2009/03/1-danser-sur-la-table-suite.html

mardi 17 février 2009

4. Viva la rumba!

Ce n'est pas tous les jours que l'on voit des vidéos de rumbas dansées par des gitanes, ça manque, je ne le dirais jamais assez!
D'ailleurs, beaucoup de gens le pensent...

On ne voit pas assez longtemps la femme gitane qui danse dans la première, mais c'est toujours ça! En plein dans l'ambiance!





Dans cette deuxième, Manitas accompagne la petite gitane, elle danse très bien!





Mesdames les gitanes s'il vous plait! Faites vous filmer entrain de danser des rumbas entières! Avec des belles robes et tout et tout!

J'en profite :

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Alaxis!
Et pour ton anniversaire, quelques fleurs originales...

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O Tahiti E Heiva I Tahiti 1997 #5
envoyé par teriimataha



A suivre...

vendredi 13 février 2009

3. Message d'Isabelle du 12 février.

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bonjour...ma petite mère "grippée" ! il faut te reposer et il faut que les personnes qui demandent des nouvelles de leurs "disparus" sachent qu’il y a beaucoup de réponses dans les premiers messages ... et que tu ne peux porter tout le poids du monde !! la vie est de plus en plus difficile .... nous en sommes conscients !! des perturbations de tous ordres agitent le monde ... et votre tâche est lourde ! mais restez confiants .... et n’anticipez pas ! vivez le moment présent avec intensité ! accrochez-vous à tout ce qui est positif (il y en a !!) et refusez tout ce négatif qu’on cherche à vous imposer .... les médias en particulier !! vous ne pouvez plus dire que vous êtes "ignorants" ! ne le regrettez pas ! car l’ignorance est comme un voile qui fait oublier à l’homme sa nature véritable ! "c’est comme un mirage qui attire l’esprit vers ce qui nuit à lui-même et à autrui !" vous savez aussi qu’il n’y a pas de "bien" et de "mal" en soi ! ... il y a des actes et des pensées qui conduisent à la souffrance ... et d’autres au bonheur ! essayez de garder paix et sérénité .. .et ne vous culpabilisez pas si vous avez des moments de "fléchissement" de "baisse" !!! ils sont passagers et parfois même nécessaires pour "aller plus loin !" sachez encore une fois que nous vous entourons de tout notre amour ... de toute notre vigilance ... de toutes nos forces !!! (ce message a été interrompu ... mais tu sais bien,maman,que ce n’est pas grave !!) essayez de garder votre paix intérieure !essayez de maîtriser vos pensées (négatives !) avant qu’elles n’envahissent votre esprit ... tout comme il faut éteindre un feu dès les premières flammes ... même si la souffrance (quelle qu’elle soit !) ne cesse de surgir ... la seule manière d’y remédier ... est la transformation des individus !!! et cela fera "boule de neige" !! que celà soit !! nos tant aimés !!
haut les coeurs !


car vouloir agir sur le monde sans s’être transformé soi-même ... ne peut mener ni à un bonheur durable ... ni à un bonheur profond ! "si un prisonnier veut libérer ses compagnons d’infortune ..... il faut d’abord qu’il brise ses propres chaînes !!" (à méditer ?)
le 12 février 2009


Pour le bien et le mal c'est bien ce que j'écrivais dans :
http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.com/2008/03/dimanche-de-pques.html
Mais parfois on se décourage, je me décourage... On peut voir tout en noir, Isabelle a bien raison de dire qu'il faut répéter et encore répéter!

Elle dit aussi dans ce message : " il faut te reposer et il faut que les personnes qui demandent des nouvelles de leurs "disparus" sachent qu’il y a beaucoup de réponses dans les premiers messages "
Il y à des gens qui ont perdu leur enfant et qui sont courageux, je trouve! Ici je pose une vidéo d'un illustre inconnu qui a pourtant touché bien des coeurs!
Son père (allez voir les vidéos) en à fait beaucoup avec les compositions de son fils, et c'est très beau!
Benjamin n'était peut-être pas gitan, mais..Il en à l'air sur ces images avec son bronzage...Lol!
Pas moyen de joindre vincenzododo ce soir...Alors, je pose...
Car Isabelle serait bien d'accord si je pense que c'est l'absence d'amour qui produit le mal et que l'important c'est d'aimer....?


"L'important c'est d'aimer" de Pascal Obispo, chanté et joué par mon fils Benjamin et Greg. Une vidéo photo souvenir en hommage à mon fils Benjamin, musicien, chanteur et compositeur qui nous a quitté le 23 juin 2006 à l'âge de 26 ans. Une création vidéo d'eli1964france de wat.tv " écrit son père vincenzododo

mercredi 11 février 2009

2. 11 Février : Première apparition à Lourdes.

Aujourd'hui ce blog à un an!

Effectivement je l'avais créé le 11 février 2008.
J'aime tant Bernadette! Voilà...
Le 11 février 1858 à eut lieu la première apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous à Lourdes à la grotte de Massabielle dite "grotte aux cochons".

Bernadette a dit : "J'ai vu une très jeune fille, habillée de blanc, avec un chapelet, un voile et une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied"

Bernadette insiste sur le fait que cette jeune fille qu'elle surnommait un temps "Aquero" en patois, car elle ne savait pas au début de qui il s'agissait était très jolie."Aquero" veut dire "ça".

Si bien que toutes les représentations de la Vierge (images, statue) décevront Bernadette. Et que le Père Brune pourra écrire dans "La Vierge du Mexique" (seul portrait de la Vierge laissé par elle-même), que l'appartion de Lourdes à côté semble "bien terne". Bien sûr! Car les reproductions sont faites par des mains humaines!
Ternes, mais pas pour Bernadette qui un jour dira en soupirant devant toutes ces images ou la statue faite pour la grotte : "Oh! Bonne Mère! Comme on vous défigure!"


Personnellement je n'ai jamais trouvée belle ou jolie la statue de la Vierge dans la grotte de Lourdes! 'Ce qui ne m'empêche pas d'être émue lorsque j'y vais (rarement, c'est loin alors que je fais aller-retour souvent à Nevers)
A part peut-être celle, toujours à Lourdes, de "La Vierge couronnée" ci-contre, en face de la Basilique.
Mais bon...

Bernadette à eut 18 apparitions de la Sainte Vierge et l'église pendant longtemps n'en à reconnu que 17, plus maintenant (c'est pas grave, on ne va pas "chipoter" pour une..) Moi, je crois Bernadette!

Bernadette ne nous a livré que quelques patoles essentielles de la Sainte Vierge, car elle à eut des entretiens secrets avec elle, dit-elle par honneteté. Je vois des gens sur internet vouloir chercher, connaître la teneur des ces entretiens : Cela me choque un peu, de toutes façons ils ne trouveront rien. C'est la démarche d'esprit qui me gène...


Comme le disait Bernadette : "Ces paroles ne concernent que moi, ne sont ni d'Eglise ni d'Etat".
Pourquoi vouloir connaître ce qui est personnel à Bernadette, elle avait bien le droit d'avoir des "mots" privés, secrets de la part de Vierge.

Les paroles révélées de la Sainte Vierge, écrite (quand elle a su écrire) par Bernadette, en patois et traduites sont celles-ci

- "Voulez-vous me faire le plaisir de venir pendant quinze jours ?"
- " Vous irez dire aux prêtres de faire bâtir une chapelle "
- " Allez boire à la fontaine et vous y laver "
- " Vous prierez Dieu pour les pécheurs "
" " Je suis l'Immaculée Conception "
- " Allez manger de cette herbe que vous trouverez là "
- " je ne vous promets pas de vous faire heureuse en ce monde, mais dans l'autre "


Une vidéo sur les première apparitions, extrait de "Bernadette" un film remarquable!


Bernadette soubirou 2sur6
envoyé par nicocatho



Après ces apparitions, Bernadette partira définitivement à Nevers au couvent Saint Gidard et prendra le voile en tant que Soeur de la Charité sous le nom de Soeur Marie Bernard.
Elle mourra dans sa trente sixième année, le mercredi de Pâques 16 avril 1879 à 15 heure (heure présumée de la mort du Christ).
Après trois exhumations de son corps (On peut se procurer le rapport détaillé des ces exhumations à Saint Gildard), on retrouve Bernadette intacte à chaque fois et on l'expose au public définitivement.



J'en ai parlé précédemment : Lors de la dernière toilette à Bernadette (pour enlever humidité, moisissures sur vêtements) un produit caustique noircit le visage et les mains, d'où la fine couche de cire, c'est tout. Sinon il n’y à aucun embaumement.




La Sainte Vierge est la mère du Christ, l'ambassadrice de Dieu, son porte parole si on veut. Allons directement au Christ avec ce beau cantique gitan :




cantique baule & same hosanna
envoyé par cantiques

A lire :

"Bernadette Soubirous" Anne Bernet Ed Perin

"Lourdes, récit authentique des appartions" René Laurentin Ed Lethielleux (très important)

Précedents liens sur Bernadette :
http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.com/2008/02/bernadette.html
http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.com/2008/08/1-trois-apparitions-mariales-et-un.html

samedi 7 février 2009

1. Le " credo " de Simon Wiesenthal

L’autre soir je relisais quelques passages du livre de Simon Wiesenthal et au moment de le refermer, quelque chose me dit de relire un passage que je connaissais déjà. Mais j’ai souvent découvert qu’en relisant des livres, on redécouvre certains chapitres comme s'ils étaient nouveaux .
Ce texte très court et qui se lit d'une traite, est comme un flot de lumière d'amour et de solidarité.
L e titre " credo " est de moi. Le titre initial est Juifs et tziganes.


J’ai redécouvert « Juifs et Tsiganes » et cette plaidoirie, car s'en est une, est si simple et si importante que j’ai voulu la poser ici, comme une réponse.
Je n’ai pas pu scanner, aussi l’ais-je recopié entièrement sur mon PC et voici!
Je suis sûre maintenant que si l’on demandait à Simon Wiesenthal ce qu’il pense de cette reconnaissance du génocide tsigane il répondrait : « Oui, mais alors, à quand une date ? Sinon, mon texte est toujours d’actualité ! »
En relisant ce texte j’ai pleuré, oui, j’ai pleuré, tant il est émouvant!...
Et encore je n’ai pas lu « Les assassins sont parmi nous ».

Je pensais au site "Notre Route" et à tous les tsiganes qui luttent pour une date de commémoration de leur génocide...


Juifs et Tsiganes.


" Si certains Polonais ont oublié qu’ils se sont trouvés avec les juifs dans les camps d’extermination du III e Reich, bien des juifs ont oublié, quand à eux, qu’ils sont les survivants d’une catastrophe qui s’est abattue avec la même violence sur un autre peuple, contre lequel ils éprouvent aujourd’hui encore bien des préjugés : les Tsiganes.
Le monde entier est au courant de l’assassinat de six millions de juifs, le monde entier évoque la tragédie du peuple juif – mais qui parle de la tragédie des Tsiganes, qui sait qu’un demi-million de Tsiganes sans doute ont péri dans les camps d’extermination ?
Et les nazis en auraient gazé six millions si les Tsiganes avaient été aussi nombreux.

Car les Tsiganes, dans leur malheur, ne furent guère mieux lotis que les juifs.
Les lois raciales de Nuremberg s’appliquaient également aux deux communautés. Les relations sexuelles avec les Tsiganes étaient considérées comme « une infamie raciale », les mariages mixtes entre Tsiganes et non-Tsiganes étaient interdits. Depuis 1936, il existait, parallèlement aux services qui enregistraient les juifs, un service spécial chargé de recenser les Tsiganes. En 1938, Himmler se fonda sur ces documents pour promulguer son « décret sur les Tsiganes », qui prévoyait que tous les Tsiganes vivant sur le territoire du Reich allemand (c’est-à-dire également en Autriche) devaient être refoulés vers l’est.
Avec pour objectif final l’extermination.
En accord avec Alois Brunner, le Hauptsturmfürer Rolf Günther, l’adjoint d’Eichmann, a ajouté un wagon de Tsiganes à tous les convois de juifs expédiés vers l’est. Une convention avait été passée entre le chef du service de police criminelle du Reich, Nebe, et Adolf Eichmann, afin que la question tsigane fut réglée par un Hauptsturmfürer du nom de Braune, au même rythme que la question juive.
Les convois de Tsiganes expédiés à l’est s’arrêtaient au début dans des ghettos (Varsovie, Lublin ou Kielce). Plus tard, on créa à Auschwitz un camp spécial pour les Tsiganes. Mengele y pratiqua sur des enfants tsiganes, essentiellement des jumeaux, les mêmes expériences atroces que sur les enfants juifs. Et Ella Lingens, qui vivait dans le camps de femmes d’Auschwitz-Birkenau, à proximité immédiate du camp tsigane, se rappelle que les Tsiganes étaient conduits aux chambres à gaz exactement comme les juifs, bloc après bloc.
C’est presque tout ce que nous savons de leur destin. Nous ignorons presque tout de la manière dont ils furent arrêtés ; nous n’avons presque aucune trace de leurs tragédies individuelles.
Dans l’Allemagne fédérale d’après-guerre, les documents nationaux-socialistes qui concernaient le « jugement racial » des Tsiganes et qui servirent de fondement à leur déportation furent administrés par le professeur Sophie Ehrhardt de l’université de Tübingen, qui avait participé à leur élaboration en 1942. (Après de multiples interventions de ma part, j’ai finit par obtenir, en 1981, que ces documents soient transférés à Coblence, aux Archives fédérales).
Après la guerre, personne n’a cherché à consigner systématiquement les témoignages de Tsiganes survivants. La rare littérature existante est incomplète, et n’est presque jamais le fait des Tsiganes eux-mêmes, mais généralement de codétenus juifs ou d’historiens.
Quand à moi, je n’ai commencé à m’intéresser de plus près à la tragédie des Tsiganes qu’au début des années soixante dix. Je m’étais trouvé avec des Tsiganes dans différents camps et je savais donc ce qui leur était arrivé ; mais, évidement, au début, le sort de mon propre peuple me tenait plus à cœur. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à recueillir délibérément les documents du IIIe Reich concernant les Tsiganes. Ainsi, je mis la main un jour sur toute une liasse de papiers datés de 1938, qui traitaient de la question de recensement et de l’enregistrement des Tsiganes. En 1965, alors que la prescription était imminente, j’ai envoyé au « Service central d’enquête sur les crimes nationaux-socialistes » de Ludwigsburg tout ce que je possédais sur la question et, la même année, on m’informa qu’à Berlin, on préparait une procédure contre les membres de l’Office central de la sécurité du Reich. Dans Les assassins sont parmi nous, j’ai évoqué le destin des Tsiganes, et plusieurs grands journaux, dont le New York Times, reproduisirent mes documents. En Hollande, mon ami le professeur Ben Sijes lança un projet de recherches.
Cependant, la tragédie des Tsiganes n’a jamais été véritablement assimilée par la conscience humaine.
Cela tient en grande partie aux préjugés et au rejet dont ces hommes à peau sombre, venus de l’Europe depuis les profondeurs de l’Inde, ont toujours été l’objet, avant comme après la guerre. Les services d’administration et de police, notamment en Allemagne fédérale, continuaient à y voir des « voleurs de poules » et c’est à peine si on ne trouvait pas normal qu’Hitler les ait enfermés. Contrairement aux juifs, on ne les considérait pas comme des victimes de persécution raciales, mais comme une variété spéciale d’ »asociaux », que le IIIe Reich avait interné dans des camps de concentration au lieu de les enfermer dans des maisons de correction.
Et partant de ce point de vue, on a commencé par refuser aux Tsiganes toute identité. Il a fallu des années pour que certains d’entre eux, au moins, se voient accorder le même statut que les autres victimes, et beaucoup n’en ont jamais profité.
En effet la plupart des Tsiganes ignoraient leurs droits légaux. Ils n’avaient pas d’organisation susceptible de les informer de ces droits ou de les aider à les faire valoir, malgré les tracasseries administratives. On assista que très tard à la fondation d’une association de Sinté (ou manouches) et des Roms (les deux principales souches tsiganes concernées) qui organisa même des congrès nationaux – mais généralement, la presse ne leur consacra que de rares articles.
En juin 1981, la section allemande de la « Société pour les peuples menacés » a participé à l’organisation du IIIè Congrès mondial des Sinté et des Rom à Göttingen, où se rassemblèrent trois cent délégués, venus de tente pays. Mme Miriam Novitch, du kibboutz des combattants du ghetto, en Israël , a présenté à cette occasion une documentation de vingt cinq pages sur la tragédie des Tsiganes, et j’ai moi-même fait un exposé sur les suites juridiques de ce génocide. Je m’étais occupé à cette fin des documents sur toutes les procédures judiciaires d’Autriche et d’Allemagne liées à la persécution des Tsiganes, et j’avais enquêté sur l’issue de ces procès.
Les résultats étaient bien minces.
Beaucoup de procédures ne distinguaient pas l’assassinat des Sinté et des Rom de celle des juifs, et traitaient en quelque sorte ces deux phénomènes en bloc. Lorsque les procédures spéciales avaient été engagées, on manquait généralement de témoins, si bien que beaucoup de procès s’achevèrent par un non-lieu. Pendant plusieurs dizaine d’années, aucune organisation ne s’était chargée de rassembler et de consigner ces dépositions.
Il faut malheureusement reconnaître que nous n’avons pas, nous les juifs, et même les rescapés juifs de l’holocauste, témoigné aux Tsiganes la compréhension et la sympathie que ces frères de souffrance méritaient. Il est tout à fait caractéristique que personne ne se soit soucié de verser des « réparations » aux Tsiganes ; ajoutons qu’ils furent même désavantagés lorsqu’il existait des possibilités légales de leur attribuer quelque chose. C’est ainsi que l’Autriche avait créé un important fond, alimenté par les « biens vacants ». C’étaient des biens que personne n’avait revendiqués après la guerre, mais qui avaient de toute évidence été volés, et qui pouvaient donc légitimement profiter aux persécutés.
Ella Lingens m’a raconté qu’elle avait lutté en vain pour obtenir qu’une partie de ces fonds soient versés aux Tsiganes.
Mais la plupart des fonctionnaires des communautés juives partirent du principe que ces confiscations n’avaient touché que des biens juifs – les Tsiganes ne possédaient rien, c’était bien connu.
En valeurs absolues, ce n’est peut-être pas loin de la vérité. Toutefois pour un Tsigane, la roulotte qu’il avait perdue était sûrement aussi précieuse et vitale que son magasin confisqué l’était pour un commerçant juif.
Mais les Tsiganes restaient des êtres humains de deuxième catégorie.
Dans les discours prononcés dans les camps de concentration ou à l’occasion de cérémonies commémoratives, ils furent passés sous silence pendant plusieurs dizaines d’années ; ensuite, on leir consacra quelques phrases.
En 1085, lorsque le Conseil central juif organisa en Allemagne une cérémonie commémorative à l’occasion de la libération du camp de Bergen-Belsen, le Conseil central des Sinté et des Rom demanda l’autorisation de prononcer une allocution : des membres de leur peuple étaient morts eux aussi dans les camps. Le Conseil central juif refusa. J’appelai Werner Nachmann, alors président du Conseil central (et qui s’est discrédité depuis à la suite d’un détournement de fonds destinés aux indemnisations), pour lui demander d’accorder au moins un bref temps de parole au représentant des Sinté et des Roms.
Il persista dans son refus.
Sachant que le chancelier Kohl devait prendre la parole à cette cérémonie, je lui ai téléphoné et lui ai demandé s’il lui serait possible d’évoquer la tragédie des Tsiganes dans son discours. Helmut Kohl l’a fait immédiatement, et d’une manière fort émouvante.

Il m’a été possible à plusieurs reprises d’aider les Sinté et les Rom sur un front secondaire au moins : un jour, un de leurs convois fut retenu à la frontière hollandaise et j’ai pu obtenir, grâce à un télégramme adressé à la reine Beatrix, qu’on les laisse poursuivre leur route ; une autre fois, au cours d’un procès où j’avais été appelé comme expert, j’ai pu contribuer à informer un tribunal d’Allemagne fédérale de la tragédie tsigane.
Au Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles, nous avons déjà organisé une série de manifestations aussi bien à la mémoire des Tsiganes qu’à celle des Arméniens pour prouver par là notre solidarité avec toutes les victimes des génocides.
Mais il aurait été beaucoup plus important d’accorder aux Sinté et aux Rom une représentation politique. En 1979, les Etats-Unis ont fondé par exemple un « US-Holocaust Memorial Council », qui s’est donné pour but de mener les actions les plus diverses pour empêcher la tragédie des victimes du régime nazi de tomber dans l’oubli. Les membres de ce conseil étaient, outre des représentants juifs, des Polonais, des Russes, des Ukrainiens et d’autres encore – mais il n’y avait pas un seul Tsigane.
Tous les efforts de l’association internationale des Rom à cet égard furent vains.
Pour les aider, j’adressai une lettre circonstanciée au président du Comité, Elie Wiesel. Au bout de quelques mois, je reçu une réponse de son secrétaire qui m’informait que la nomination des membres dépendait du président Reagan. Le Comité international des Rom et la « Société pour les peuples menacés » adressèrent donc de longues lettres au président Reagan – qui aboutirent toutes sur le bureau d’Elie Wiesel. Je décidais donc de m’adresser une nouvelle fois à Wiesel, en lui suggérant de remplacer un des membres juifs du Memorial Council (ils étaient plus de trente) par un représentant des Tsiganes.
Cette lettre resta sans réponse.
Lorsque je publiai cette « correspondance » dans notre bulletin annuel – je jugeais en effet que l’attitude de l’Holocaust Memorial Council était injuste – je reçu une série de copies de lettres adressées à Wiesel par quantité d’autres gens pour soutenir la revendication des Tsiganes.
Le seul geste de l’Holocaust Memorial Council en faveur des Tsiganes fut une sorte de réunion commémorative, en septembre 1986.
Il fallu attendre qu’Elie Wiesel eût quitté la présidence, pour qu’on nous informa que le nouveau comité directeur acceptait l’entrée au conseil d’un représentant des Tsiganes, le professeur Hancock (qui représente aussi les Rom aux Nations unies).
Lorsque le pris Nobel de la pais fut attribué à Elie Wiesel en 1986, les organisations tsiganes avaient décidé de se rendre à Oslo pour manifester contre la remise de ce prix.
Cela me plaçait dans une situation fort déplaisante, on s’en doutera : tout le monde savait que j’étais liée d’amitié depuis de longues années avec les dirigeants des Sinté et des Rom, et il était très probable qu’Elie Wiesel m’imputerait la responsabilité de cette manifestation : Sans doute penserait-il que j’avais été blessé dans ma vanité parce qu’on l’avait préféré à moi pour le prix Nobel (car j’étais aussi candidat). J’eu donc une longue conversation téléphonique avec Romani Rose, le président de l’association tsigane en Allemagne, pour empêcher cette manifestation. J’obtins gain de cause, malgré des grincements de dents.
Je crois cependant que la déception de beaucoup de Sinté et de Rom devant l’attitude de ceux qui ont souffert avec eux sans les camps de concentration et qui les ignorent aujourd’hui est compréhensible et justifiée – et plus encore leur déception devant l’indifférence des juifs.
Nous avons tant d’expériences en commun : les Sinté et les Rom sont, comme nous, dispersés au milieu d’autres peuples, ils sont comme nous entourés de milliers de préjugés profondément enracinés, et comme nous, ils n’ont pas fini d’en souffrir.
Auschwitz est marqué au fer rouge dans leur histoire comme dans la notre.
Certaines interprétations modernes du concept de « nation » affirment que l’un de ses principaux critères est la « communauté de destin » : en ce sens, je me sens lié à tous les Tsiganes qui ont souffert à Auschwitz. " Simon Wiesenthal

Extrait de « Justice n’est pas vengeance » Ed du 13 février 1989 chez Robert Laffont


Liberez enfin l'amour!



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et suite : http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.fr/2010/02/5-merci-tony-gatlif-pour-le-film.html